J’aimerais tellement …

✨ [A Stela]

« J’aimerais tellement pouvoir te lire, Stela ..
Savoir ne pas pouvoir te voir grandir, ce drôle de sentiment est là.

Combien d’hivers le ciel nous promettra encore?
Et l’impuissance qui me dévore ..

Tout a déjà été chanté, on ne saura jamais pourquoi,
Mais si un jour je croisais Dieu sur mon chemin, je lancerais volontiers le débat.
La souffrance d’un enfant,
Qui a inventé ça ?

Il faudra trouver des arguments, sans baisser le regard.
Nul ne devrait vivre ça, trop de peine même si de petits bonheurs sont là.

Des regards pitoyables résonnent longtemps, un effet ressort.
Un merveilleux malheur, inspirer les autres sans un bruit, ne serait-ce pas un leurre?

Je ne raconterai jamais assez l’immensité de ma douleur,
Mais à ceux qui pensent que j’ai du courage,
Simplement je réponds qu’il s’agit d’un mirage ..
On n’affronte avec courage que ce que l’on choisit,
Hélas, certaines choses de la Vie, on les subit.

Fini l’été, petit à petit les couleurs disparaissent, s’installe le gris.
Je m’accroche à l’Amour, infini, et l’animal en moi étouffe les cris.

Difficile, sans aucun retour, je me cogne à des murs. Puis respire l’air pur et gonfle les poumons en marchant à reculons.

Petit être, prisonnière de son corps,
Rebelle-toi, brise ce décor ..
Le temps nous apprend à voir la Vie différemment, – une véritable chance, – mais le prix à payer est trop fort.

Ce silence de toi m’effraye,
Je cherche une clé, je bégaye,
Tu m’as tant appris en si peu de temps,
Comment faire pour que tu souffres moins ?

Une Maman, ça déplace des montagnes mais à quoi bon,
Tout semble écrit de là-haut,
Chacun doit affronter son sort.

Ne plus pouvoir te soulever, le poids de ton corps raide m’écrase.
Le papa s’essouffle déjà,
Le bord d’une falaise derrière le virage.

Ta maladie, parfois, je la vomis.
Elle t’a privée de la Vie.
Ton corps ne bouge pas et reste froid,
On a beau te réchauffer avec mille et une couverture,
Une cheminée ne suffira pas.

Pas de ballon ni de corde à sauter,
De monstrueux appareillages pour t’accompagner,
Parler à ta place n’a pas de valeur,
Des choix impossibles, j’écoute mon cœur.

Les étoiles défilent, les saisons font la ronde,
Parfois les émotions débordent et une colère sourde gronde.

Dos courbés, douloureuse aventure, j’aimerais tant pouvoir te lire, Stela .. et l’hiver est rude. »

Ta Maman

2 commentaires

  1. Le texte est magnifique… je me retrouve totalement , maman d’un petit garçon de 3 ans polyhandicapé moteur, non verbal…

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  2. Merci beaucoup ! Je sais que ce texte résonne en beaucoup de personnes .. et c’est important de ne pas se sentir seul.e.s et d’aborder les sujets qui sont plutôt tabou ! Bonne continuation à vous et à votre garçon.
    Au plaisir d’échanger …
    La maman de Stela

    J’aime

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